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Heureux de qui la mort de sa gloire est suivie... (Du Bellay, Les Regrets)

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Tableau des principales figures de style

Dans ce tableau, j’ai répertorié les principales tropes ou figures de styles utilisées dans le jargon de l’analyse de textes. En voici la liste :
AccumulationAllégorieAnaphoreAntithèseChiasmeComparaisonEuphémismeGradationHyperboleLitoteMétaphoreMétonymieOxymoreParallélismePériphraseSynecdoque
Nom Type Définition Exemples
Accumulation Amplification Juxtaposition (ou coordination) d’un grand nombre de termes (ou expressions) de même nature et fonction qui permet de donner de très nombreux détails dans l’ordre (impression d’exhaustivité ou de précision) ou le désordre (impression d’éparpillement). [...] comment ce sera, le grand jour... la robe de mariée, les robes des demoiselles d’honneur, les invités arrivant à Auville à la mode d’autrefois – ça l’amusait beaucoup – en vieilles calèches, dans d’énormes chars à banc... les cloches de la vieille église sonant à toute volée, et elle, montant lentement les marches au bras de son père, s a lourde traîne portée par des petits pages en mauve ? en gris ? (Sarraute)
Allégorie Analogie Représentation d’une idée (appartenant donc au domaine de l’abstrait) par une image ou un être animé (appartenant au monde concret). Elle peut se présenter sous la forme d’une métaphore filée. Mon beau navire, ô ma mémoire,
Avons-nous assez navigué
Dans une onde mauvaise à boire
Avons-nous assez divagué
De la belle aube au triste soir
(Apollinaire) Ici la mémoire est assimilée à un bateau. Le thème de la navigation est souligné par plusieurs images.
Anaphore Amplification Reprise d’un même mot ou groupe de mots en tête de vers, de phrases, de membres de phrases à des fins d’insistance et d’emphase. On attend au moins 3 occurrences du mot ou de l’expression. Ô rage, ô désespoir ! ô vieillesse ennemie (Corneille) Dans ce vers très connu on observe aussi une gradation, entre autres figures.
Ce sang qui tant de fois garantit vos murailles,
Ce sang qui tant de fois vous gagna des batailles,
Ce sang qui tout sorti fume encor de courroux
(Corneille)
Antithèse Opposition Opposition forte entre deux mots ou expressions dans une même phrase ou un même contexte ; les éléments sont souvent symétriques. Joyeux, j’ai vingt-cinq ans, triste, j’en ai soixante. (Hugo)
Chiasme Opposition Juxtaposition de deux ensembles dans lesquels la structure est inversée ; c’est une double antithèse, un parallélisme dont on inverse l’ordre des mots. L’effet s’appuie souvent sur le sens des termes, mais la syntaxe peut être faire l’objet d’une inversion (l’ordre sujet-verbe devenant verbe-sujet, par exemple). Bien prononcer [kiasm] à l’oral ! Il faut manger pour vivre et non vivre pour manger. (Molière)

Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine,

Plus mon Loire gaulois que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré que le mont Palatin,
Et plus que l’air marin la douceur angevine.
(Du Bellay)
Le poète chante son affection pour sa terre natale aux dépens de Rome.
Comparaison Analogie Rapprochement entre deux termes (le comparant et le comparé) à partir d’un point commun et à l’aide d’un outil de comparaison (comme, pareil à, tel (que), ressembler à...). [...] leurs grandes ailes blanches / Comme des avirons (Baudelaire)
Le rapprochement porte ici sur la forme et le mouvement.
Euphémisme Atténuation Atténuation d’une idée, d’un sentiment pour, par exemple, en voiler la caractère déplaisant. Exemple courant : tumeur (= cancer)
Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine. (Chénier)
La jeune fille est morte.
Gradation Amplification Énumération de termes (ou groupes de mots) de force croissante ou décroissante (l’intensité peut varier, mais aussi la longueur des éléments). Va, cours, vole, et nous venge. (Corneille) Le procédé souligne ici l’enthousiasme du personnage.
Hyperbole Amplification Exagération des termes d’un énoncé pour mettre en valeur une idée. Les flots couverts de morts interrompent leur course. (Voltaire)
Litote Atténuation Atténuation feinte, où l’on dit peu pour suggérer beaucoup. Va, je ne te hais point. (Corneille Le personnage ne déclare pas son amour explicitement : l’aveu est modéré, mais n’en a que plus de force.
Métaphore Analogie Analogie entre deux termes sans outil grammatical (contrairement à la comparaison). Il y a un changement de sens entre les deux éléments (comparé et comparant), le comparé pouvant même être absent. On distingue :
la métaphore par identification qui assimile le comparé au comparant. La nature est un temple (Baudelaire)
le troupeau des nuages (Hugo) Ici, les nuages, par leur forme, leur nombre, leur couleur... ressemblent à des moutons.
2° la métaphore par substitution qui attribue au comparé une caractéristique appartenant normalement au comparant, sous la forme
  1. d’un nom :
  2. d’un adjectif :
  3. d’un verbe :
  1. l’œil clignotant des bleus becs de gaz (Verlaine)
  2. Le Rhin est ivre (Apollinaire) Il s’agit ici d’une personnification qui est un cas particulier de métaphore
  3. Une cloche rageuse y aboie vers midi (Apollinaire) Ici, le son de la cloche est perçu comme l’aboiement d’un chien agressif.
La métaphore filée se poursuit et se développe dans une série d’images se rapportant au même thème. Bergère ô Tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin (Apollinaire)
Métonymie Substitution remplacement d’un mot par un autre qui entretient avec lui un rapport logique (compréhensible). On peut désigner entre autres
  1. un objet par sa matière,
  2. un contenu par son contenant,
  3. une cause par son effet.
  1. le fer (= l’épée – dans le vocabulaire tragique)
  2. (couramment) boire un verre (= le contenu de ce verre, quel qu’il soit)
  3. boire la mort (= boire la ciguë)
    L’honnête verre où rit un peu d’oubli divin (Verlaine) L’oubli est la conséquence de l’absorption d’alcool.
Oxymore Opposition Alliance syntaxique de deux termes incompatibles (on dit quelquefois « alliance de mots » ou « antilogie ») ; l’important réside dans le lien de dépendance grammaticale qui induit cette apparente incompatibilité, et crée un effet de paradoxe, de surprise. Elle se hâte avec lenteur. (La Fontaine) La tortue marche à son rythme (lentement) et pourtant participe à la course, en se dépêchant (pour gagner).
Parallélisme Amplification Reprise d’une même construction (syntaxique et rythmique) dans deux groupes de mots (ou phrases) pour souligner une correspondance ou une opposition. Cela engendre un rythme binaire (si la structure se répète plus de deux fois, le rythme ne sera plus binaire) CHIMÈNE — Rodrigue, qui l’eût cru ?
RODRIGUE — Chimène, qui l’eût dit ?
(Corneille) Le procédé rappelle ici les sentiments partagés des personnages.
Périphrase Substitution Remplacement d’un mot par une expression équivalente qui le définit ou rappelle une de ses caractéristiques. Exemple courant : la capitale de la France (= Paris)
l’auteur de la nature (= Dieu, chez des auteurs du XVIIe, comme Pascal, La Fontaine, Molière).
Synecdoque Substitution Remplacement d’un mot par un autre qui lui est relié par un rapport d’inclusion. Proche de la métonymie (et parfois confondue avec elle – certains de mes exemples sont ambigus !), elle permet un va-et-vient entre le général et le particulier. Je vois un port rempli de voiles et de mâts. (Baudelaire) Il s’agit ici de bateaux désignés par deux parties du gréement.


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