ἦ γὰρ ἑλικώπιδος Ἀφροδίτας
ἄρουραν ἢ Χαρίτων ἀναπολίζομεν (« nous labourons en effet le champ d’Aphrodite au regard vif ou celui des Grâces », Pindare, Pythiques, VI)
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Les Grecs avaient (et ont toujours) un alphabet emprunté au peuple phénicien qu’ils ont adapté en supprimant quelques signes inutiles, en en transformant d’autres pour noter les voyelles et en en ajoutant d’autres, notamment les quatre derniers. Les formes des lettres se sont peu à peu normalisées pour aboutir à celles que nous connaissons. Les Grecs ont donc à leur disposition 24 lettres qu’ils ont d’abord écrites en majuscules :
Α Β Γ Δ Ε Ζ Η Θ Ι Κ Λ Μ Ν Ξ Ο Π Ρ Σ Τ Υ Φ Χ Ψ Ω
Les majuscules étaient utilisées pour graver sur la pierre, les minuscules étaient plus pratiques pour rédiger sur un support plus souple (papyrus), et elles sont plus lisibles pour nous autres modernes !
α β (ϐ) γ δ ε ζ η θ ι κ λ μ ν ξ ο π ρ σ (ς) τ υ φ χ ψ ω
On notera que β et ϐ d’une part, et σ et ς d’autre part, représentent la même lettre, ς étant utilisée en fin de mot et β étant réservée à l’initiale (mais cette dernière distinction concerne surtout les éditions françaises, les autres ayant exclusivement recours à β).
Tout d’abord quelques mots sur les prononciations du grec. Nous ne possédons bien sûr aucun enregistrement de l’Antiquité ; de plus, cette prononciation a évolué (tout comme la langue elle-même) depuis les premiers siècles de la civilisation hellélénique jusqu’à aujourd’hui, (puisque le grec est toujours parlé), de même que les Français du XXIe siècle ne parlent plus comme Rabelais ! La questions se pose de savoir comment prononcer le grec qu’on étudie... Par tradition, on use, pour le grec ancien, d’une prononciation dite « restituée ». Le grec moderne se prononce différemment !
J’ai indiqué, dans ce tableau comme ci-dessus, la prononciation selon l’Alphabet Phonétique International entre crochets [], mais il est possible que l’affichage ne soit pas correct pour des raisons d’encodage ou de police.
lettres | noms | prononciation | exemple grec | équivalent français |
---|---|---|---|---|
Α α | alpha | [a] | διὰ [dia] | la [la] |
Β β/ϐ | bêta | [b] | βιϐλίον [bibliɔn] | bébé [bebe] |
Γ γ | gamma | [g] ou [ŋ] | γάρ [gar], ἄγγελλος [aŋgellos], γνώμη [gnomε] (en grec, le γ n’a jamais le son [ʒ], ni [ɲ], comme dans le français gêne [ʒεn] et agneau [aɲo]) | gare [gaR], gué [ge] |
Δ δ | delta | [d] | δέ [de] | dé [de] |
Ε ε | epsilon | [e] ou [ε] (bref) | ἐπί [epi], μέν [mεn] | été [ete], mer [mεR] |
Ζ ζ | dzêta | [zd] ou [zd] | ζωή [dzoe] | tziganne [dzigan] |
Η η | êta | [ε] (long) | μή [mε] | paix [pε] |
Θ θ | thêta | [t] (aspiré) | θεός [teᴐs] | tas [ta], thé [te] |
Ι ι | iota | [i] | τι [ti] | mi [mi] |
Κ κ | kappa | [k] | κακία [kakia] | café [kafe], cueillir [kœjiR], koala [koala] |
Λ λ | lambda | [l] | γάλα [gala] | gala [gala] |
Μ μ | Mu | [m] | μέλι [meli], ἀμφι [amfi] (en grec, le μ se prononce toujours distinctement, jamais comme dans le français tomber [tõbe]) | ma [ma] |
Ν ν | nu | [n] | νῦν [nun], ἀντί [anti] (en grec, le ν se prononce toujours distinctement, jamais comme dans le français monter [mõte]) | ni [ni] |
Ξ ξ | ksi | [ks] | ἐξ [εks], ἔξω [ekso] (en grec, le ξ n’a jamais le son [gz], comme dans le français exercice [egzεRsis]) | axe [aks], excès [εksε] |
Ο ο | omicron | [o] ou [ɔ] (bref) | ἔθος [etɔs], τόδε [tode] | mot [mo], mort [mɔR] |
Π π | pi | [p] | πατήρ [patεr] | père [pεR] |
Ρ ρ | rhô | [r] | πρό [pro] (en grec, le r était, semble-t-il, roulé ; il est plus simple de le prononcer à la française) | rat [Ra] |
Σ σ/ς | sigma | [s] | σός [sɔs], φάσις [fasis] (en grec, le σ n’a jamais le son [z]) | fausse [fos], sel [sεl], cité [site] |
Τ τ | tau | [t] | τά [ta] | tôt [to] |
Υ υ | upsilon | [y] | δυό [dyo] (en grec, l’υ n’a jamais le son [i], comme dans le français hymne [imn]) | duo [dyo] |
Φ φ | phi | [f] ([p] aspiré) | φῶς [fos] | fer [fεr], philosophie [filozofi] |
Χ χ | khi | [k] (aspiré) | χρῶμα [kroma] | chrome [krom] |
Ψ ψ | psi | [ps] | ψυχή [psykε] | pseudonyme [psødonim] |
Ω ω | oméga | [ᴐ] (long) | λύω [lyo] | pot [po] |
Quelques remarques :
Évoquons maintenant les signes diacritiques qui apparaissent autour de certaines lettres de l’alphabet. Ces symboles ont été créés bien plus tard que les lettres de l’alphabet pour faciliter la lecture des étrangers à la langue grecque. On en distingue 3 sortes :
Pour terminer, quelques mots sur la ponctuation. Les signes de ponctuation étaient moins nombreux qu’aujourd’hui et légèrement différents. Pas de guillemets, par exemple, ni de point d’exlamation. Seuls 4 signes existaient : la virgule et le point avaient la même fonction qu’aujourd’hui, le point-virgule était utilisé pour marquer l’interrogation (en lieu et place de notre point d’interrogation), enfin un signe appelé point en haut remplaçait notre point-virgule et nos deux points (il s’agissait d’un point-virgule sans virgule · – passer la souris pour agrandir).