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gallum in sterquilinio suo plurimum posse. (« sur son tas de fumier le coq a un très grand pouvoir. », Sénèque, Apocoloquintose)

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Cinquième leçon de latin : les compléments de lieu et les pronoms relatifs

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Rappels

Après plusieurs leçons portant sur l’apprentissage de formes (déclinaisons ou conjugaisons), intéressons-nous à la grammaire, plus particulièrement la syntaxe, en commençant par la question des compléments de lieu.

Nous verrons dans un second temps les pronoms relatifs et quelques rudiments sur les propositions subordonnées relatives.

L’expression du lieu

En latin, pour exprimer une localisation, on considère quatre manières de l’envisager, et chacune d’entre elles induit une construction différente. On les associe généralement à une question et à un adverbe interrogatif spécifique.

D’autre part, on distingue aussi différents types de lieu avec de légères nuances de construction.

Si cela peut sembler compliqué, il n’en est rien. Comme toujours (ou presque), en latin il suffit d’être logique et rigoureux.

 

Les quatre modalités de lieu

Voici ces quatre modalités :

  1. le lieu où l’on est : il s’agit d’un lieu dans lequel l’être, la chose ou l’idée dont il est question se tient de façon temporaire ou permanente. On l’associe à l’adverbe interrogatif ubi souvent suivi du verbe être ou d’un verbe marquant la résidence.

    Par exemple :

    • Ubi est consul ? signifie Où est le consul ?
    • Ubi habitant dei ? signifie Où habitent les dieux ?
  2. le lieu où l’on va : il s’agit ici au contraire d’un lieu vers lequel l’être, la chose ou l’idée dont il est question se dirige, en changeant donc de lieu. On l’associe à l’adverbe interrogatif quo souvent suivi d’un verbe marquant le mouvement.

    Par exemple :

    • Quo it ? signifie Où va-t-il ?
    • Quo cucurrerunt pueri ? signifie Où (= Vers quel lieu) les enfants ont-ils couru ?
  3. le lieu d’où l’on vient : il s’agit d’un lieu duquel l’être, la chose ou l’idée dont il est question provient. On l’associe à l’adverbe interrogatif unde souvent suivi d’un verbe marquant le mouvement.

    Par exemple :

    • Unde venit miles ? signifie D’où vient le soldat ?
    • Unde redit pater ? signifie D’où mon père revient-il ?
  4. le lieu par où l’on passe : pour finir, un lieu que l’être, la chose ou l’idée dont il est question traverse. On l’associe à l’adverbe interrogatif quā souvent suivi également d’un verbe marquant le mouvement.

    Par exemple :

    • Qua venit puella ? signifie Par où (= En passant par où) la jeune fille est-elle venue (ou bien vient-elle) ?
    • Qua milites iter faciunt ? signifie Par quel chemin les soldats passent-ils (= par où les soldats font-ils route) ?

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Les deux types de lieu

Nous allons voir maintenant les deux catégories de noms de lieu que l’on distingue en latin pour la construction des compléments de lieu :

  1. les noms (propres) de villes ainsi que les noms de petites îles et que quelques noms communs spécifiques (voir ci-dessous). Nous verrons que ces noms se construisent la plupart du temps sans préposition (pour marquer le lieu), lorsqu’ils sont employés seuls (sans adjectif ni déterminant).

    Par exemple :

    • Noms de villes : Roma, ae Rome, Carthago, inis Carthage, Athenae, arum Athènes, Lugdunum, i Lyon, etc.
    • Noms de petites îles : Lipara, ae Lipari, Capreae, arum Capri, etc.
    • Noms communs appartenant à cette catégorie : domus, us maison, rus, uris campagne, humus, i terre (liste fermée).
  2. les autres noms (communs) de lieux ainsi que les noms (propres) de grandes îles, de pays, de lieux précis. Ces noms se construisent toujours avec préposition (pour marquer le lieu).

    Par exemple :

    • Noms de grandes îles : Britannia, ae (Grande) Bretagne, Sicilia, ae Sicile, etc.
    • Noms de pays (contrées) : Italia, ae Italie, Graecia, ae Grèce Boeotia, ae Béotie, etc
    • Noms propres de lieux précis : Capitolium, ii (le) Capitole, Tullianum, i (le) Tullianum (prison), etc
    • Noms communs de lieu : liste évidemment infinie... Citons ager, gri champ, urbs, bis ville, flumen, inis fleuve, oppidum place-forte, etc

Dans les paragraphes qui suivent, nous verrons pour chaque modalité comment se construisent l’une et l’autre catégorie de lieu.

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Complément indiquant le lieu où l’on est

Pour cette première modalité, on utilise le cas de l’ablatif éventuellement précédé de la préposition in, si le lieu n’est pas une ville (ou assimilé).

Une particularité concerne les villes dont le nom est au singulier et se décline selon le modèle des 1re ou 2e déclinaisons : on utilise un cas inusité, le locatif dont la désinence est semblable à celle du génitif. Les mots domus, rus et humus ont aussi une forme de locatif domi, ruri et humi, de même que quelques autres toponymes comme Carthago, Carthagini.

Rappelons que les noms de ville, domus (et assimilés) seront précédés de la préposition (in) – s’ils sont accompagnés d’un adjectif – et déclinés à l’ablatif.

Ainsi :

  1. Première catégorie de lieu (villes, etc) :
    • Consul habitat Romae. signifie Le consul habite à Rome. (locatif)
    • Milites sunt Carthagini. signifie Les soldats sont à Carthage. (locatif)
    • Puellae ludunt domi. signifie Les jeunes filles jouent à la maison (chez elles). (locatif)
    • Servus jacet humi. signifie L’esclave git à terre. (locatif)
    • Philosophi docent Athenis. signifie Les philosphes enseignent à Athènes. (ablatif, nom de ville pluriel)
    • Mansi in domo mea. signifie Je suis resté dans ma propre maison. (in + ablatif, nom accompagné d’un possessif)
     
  2. Seconde catégorie de lieu (noms communs, etc) :
    • Poeta habitat in Campania. signifie Le poète habite en Campanie. (in + ablatif)
    • Miles dormiit in vico. signifie Le soldat a dormi dans un village. (in + ablatif)
 

On peut aussi vouloir indiquer une proximité avec un lieu ou un individu. On utilisera alors la préposition apud (ou parfois ad) toujours suivie(s) de l’accusatif, quel que soit le type de lieu.

Par exemple :

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Complément indiquant le lieu où l’on va

Pour le lieu où l’on va, on utilise un autre cas, l’accusatif, aussi éventuellement précédé de la préposition in, si le lieu n’est pas une ville (ou assimilé).

Cet emploi de deux cas différents pour distinguer le lieu où l’on va (à l’accusatif) de celui où l’on est (à l’ablatif ou au locatif) se retrouve dans d’autres langues comme le russe, le grec ancien ou l’allemand (dans ces deux derniers cas, le datif alterne avec l’accusatif).

Par ailleurs, comme indiqué précédemment, les noms de ville, domus (et assimilés) seront précédés de la préposition (in) – s’ils sont accompagnés d’un adjectif – et déclinés à l’accusatif.

Par exemple :

  1. Première catégorie de lieu (villes, etc) :
    • Consul iter facit Romam. signifie Le consul fait route vers Rome. (accusatif)
    • Romani milites navigant Carthaginem. signifie Les soldats romains naviguent vers Carthage. (accusatif)
    • Puellae redeunt domum. signifie Les jeunes filles reviennent à la maison (chez elles). (accusatif)
    • Philosophi discipuli veniunt Athenas. signifie Les élèves du philosophe viennent à Athènes. (accusatif)
    • Servus iit rus. signifie L’esclave se rendit à la campagne. (accusatif)
    • Omnes poetae eunt in magnam Romam. signifie Tous les poètes vont vers la grande Rome. (in + accusatif, nom accompagné d’un adjectif)
     
  2. Seconde catégorie de lieu (noms communs, etc) :
    • Orator iter facit in Graeciam. signifie L’orateur fait route vers la Grèce. (in + accusatif)
    • Imus in Galliam. signifie Nous allons en Gaule. (in + accusatif)
 

On peut aussi vouloir indiquer une proximité (un lieu que l’on n’atteint pas ou un individu que l’on rejoint). On utilisera alors la préposition ad toujours suivie de l’accusatif, quel que soit le type de lieu. C

Par exemple :

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Complément indiquant le lieu d’où l’on vient

Pour le lieu d’où l’on vient, on utilise l’ablatif, aussi éventuellement précédé de la préposition e(x), si le lieu n’est pas une ville (ou assimilé). La forme e n’apparaît que devant consonne.

Par ailleurs, comme indiqué précédemment, les noms de ville, domus (et assimilés) seront précédés de la préposition (e(x)) – s’ils sont accompagnés d’un adjectif – et déclinés à l’ablatif.

En cas d’ablatif seul, la confusion avec un complément marquant le lieu où l’on est ne peut exister, puisque le verbe utilisé indique s’il y a mouvement ou non.

Par exemple :

  1. Première catégorie de lieu (villes, etc) :
    • Poeta redit Romā. signifie Le poète revient de Rome. (ablatif)
    • Poeni abscesserunt Carthagine. signifie Les Carthaginois partirent de Carthage. (ablatif)
    • Puellae redeunt domo. signifie Les jeunes filles reviennent de la maison. (ablatif)
    • Philisophi adveniunt Athenis. signifie Des philosophe arivent d’Athènes. (ablatif)
    • Abscedo e domo vetere. signifie Je quitte ma vieille maison. (e + ablatif, nom accompagné d’un adjectif)
     
  2. Seconde catégorie de lieu (noms communs, etc) :
    • Orator redit e Graeciā. signifie L’orateur revient de Grèce. (e + ablatif)
    • Redimus ex urbe. signifie Nous revenons de la ville. (ex + ablatif)
 

Pour indiquer une proximité (un éloignement), on utilise la préposition a(b) toujours suivie de l’ablatif, quel que soit le type de lieu. Théoriquement on trouve a devant une consonne et ab devant une voyelle.

Par exemple :

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Complément indiquant le lieu par où l’on passe

Pour cette modalité, on ne distingue plus les mêmes types de lieu que précédemment, puisqu’ils se construisent de la même façon, à l’aide de la préposition per toujours suivie de l’accusatif.

Néanmoins, lorsque l’on veut indiquer une voie de communication entre deux lieux comme une porte, une route ou un pont, on aura recours ç un ablatif.

Par exemple :

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Quelques adverbes de lieu

Une partie des adverbes de lieu peuvent être classés suivant les mêmes modalités que ci-dessus. On peut les rattacher à des pronoms (comme nous le verrons plus tard). Nous allons en voir seulement quelques-uns, avant de prendre connaissance d’autres adverbes de lieu moins spécifiques que j’ai inclus dans des exemples.

Adverbes selon les modalités de lieu
lieux où l’on est où l’on va d’où l’on vient par où l’on passe
adverbes interrogatifs ubi ? où ? quo ? où ? unde ? d’où ? quā ? par où ?
adverbes relatifs ubi (là) où quo (là) où unde d’où quā par où
(quelques) adverbes formés sur des démonstratifs ibi là, y eo là, y inde de là, en par là
hic ici huc ici hinc d’ici hāc par ici
(quelques) adverbes formés sur des indéfinis alibi ailleurs alio ailleurs aliunde d’ailleurs aliā par un autre endroit

Voici maintenant quelques exemples :

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Quelques prépositions de lieu

Nous avons rencontré, à plusieurs reprises ci-dessus, des prépositions et j’ai indiqué, à chaque fois, qu’elles étaient suivies de l’accusatif ou de l’ablatif. En effet, les prépositions sont, comme en français, des mots invariables, précédant un nom (ou un pronom, un groupe nominal ou équivalant) et formant un complément circonstanciel. Cependant, à la différence du français, le latin utilise une forme fléchie (un cas de la déclinaison) derrière cette préposition.

Ainsi certaines prépositions sont suivies de l’accusatif, d’autres de l’ablatif, quelques unes de l’un ou l’autre de ces deux cas (selon le sens). Donc, en apprenant une préposition, on doit retenir non seulement sa signification, mais aussi le cas (qu’elle gouverne).

En voici quelques unes (marquant le lieu) :

  1. suivies de l’accusatif : ad vers, ante devant, apud près de, circum autour de, inter parmi, per à travers, post derrière ;
  2. suivies de l’ablatif : a(b) (en s’éloignant) de, e(x) (en partant) de, pro devant ;
  3. suivies de l’accusatif ou de l’ablatif : in pour, dans (avec mouvement) (+ accusatif) / sur, dans (sans mouvement) (+ ablatif), sub sous (avec mouvement) (+ accusatif) / sous (sans mouvement) (+ ablatif).

Quelques exemples pour finir (j’en ai déjà proposé ci-dessus) :

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Comme précédemment, une pause dans la leçon. Pour la suite du cours sur lespronoms relatifs, voir ci-dessous ; pour revoir le sens des termes marquant le lieu et en découvrir d’autres se déclinant suivant les modèles ci-dessus, c’est par ici ; pour la sixième leçon consacrée à l’imparfait et au futur de l’indicatif, puis à la proposition infinitive, la suite se trouve par là – mais si vous anticipez, il faudra quand même revenir sur cette deuxième partie de leçon qui est essentielle pour la suite.

Les pronoms relatifs

Généralités sur les pronoms relatifs

Les pronoms relatifs

Liens vers les pages de vocabulaire indiquées sur cette page et les précédentes

Rappel : ces listes proposent quelques dizaines de mots courants sur chaque page, permettant ainsi une acquisition progressive du vocabulaire latin. Il ne s’agit en aucun cas de répertoires exhaustifs.

Voici aussi quelques pages « thématiques » (sans lien avec celles qui précèdent) :

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