Suave, mari magno turbantibus aequora ventis
e terra magnum alterius spectare laborem (« il est doux, lorsque sur la vaste mer les flots sont agités par les vents, de regarder depuis la terre le grand labeur d’autrui », Lucrèce, De la Nature)
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Les citoyens romains avaient trois noms, ce que l’on désigne habituellement sous l’appellation tria nomina (c’est-à-dire : les trois noms) :
Par exemple, Jules César s’appelait en réalité Caius Julius Caesar : son prénom était Caius, il appartenait à la gens Julia (son nom de famille en quelque sorte), son cognomen était Caesar, une branche de la gens Julia ; autres exemples, le poète Virgile avait comme nom complet Publius Vergilius Maro, Cicéron se nommait Marcus Tullius Cicero et son frère (avec lequel il entretint une correspondance régulière dont nous avons gardé la trace) Quintus Tullius Cicero.
On peut remarquer que la transcription des noms latins n’est pas uniforme : Virgile est un nom de famille, Cicéron un surnom ; par ailleurs, le nom de l’historien Tite-Live reproduit son nom complet (Titus Livius en latin – nous ne connaissons pas son cognomen), lui que les anglophones appellent Livy !
On note enfin que certains Romains avaient plus de trois noms : ainsi, par exemple, Scipion l’Africain s’appelait Publius Cornelius Scipio Africanus, le dernier surnom signalant son rôle militaire sur le continent africain — qui plus est, il est parfois même désigné comme Publius Cornelius Scipio Africanus major (le premier Africain) pour le distinguer de Publius Cornelius Scipio Aemilianus Africanus minor, communément appelé Scipion Émilien ou encore le second Africain. Cet autre cognomen est parfois désigné sous le nom d’agnomen.
Signalons aussi une forme d’inflation dans l’appellation des empereurs qui accumulaient noms et titres et en comptaient parfois jusquà plus d’une dizaine, comme Maximien dont le nom complet est Imperator Caesar Marcus Aurelius Valerius Maximianus Herculius Pius Felix Invictus Augustus (les deux premiers et les quatre derniers étant davantage des titres).
Les femmes romaines n’avaient pas à proprement parler de prénoms choisis dans une « liste » : on utilisait la forme féminine du nomen de leur père, parfois accompagnée du cognomen (la fille de Marcus Tullius Cicero s’appelait Tullia, celle de Publius Cornelius Scipio Africanus (Scipion l’Africain), Cornelia Africana).
Les esclaves, hommes ou femmes, avaient un seul nom, sorte de prénom ou surnom, correspondant parfois à leur origine (par exemple, Syrus ou Geta s’il venait de Syrie ou du pays des Gètes, on bien encore Thessala pour une esclave de Thessalie). Ce nom devenait, en cas d’affranchissement, un véritable cognomen auquel ils pouvaient adjoindre les praenomen et nomen de leur ancien maître, comme le nom du dramaturge comique Térence, ancien esclave dit-on, appelé Publius Terentius Afer, d’après le nom de son ancien maître, Terentius Lucanus (son cognomen Afer rappelle son origine africaine).