Tusculan

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Quamquam si quid petulantius aut loquacius a me dictum videbitur, cogitate et Stultitiam, et mulierem dixisse. (« S’il semble que mes propos sont trop effrontés et trop verbeux, pensez que j’ai parlé comme Folie et comme femme. », Érasme, L’Éloge de la Folie)

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Un peu de grammaire latine ! (La déclinaison des noms)

Deuxième leçon sur le présent de l’indicatif sur cette page suite

Les préalables

Une page consacrée à l’écriture et à la prononciation du latin se trouve ici.

D’autre part, mon ambition ici n’est pas de refaire une grammaire latine complète et de concurrencer des ouvrages ou des sites qui le font très bien, mais de rappeler quelques notions importantes concernant la langue latine et de mettre en avant quelques points essentiels, comme les déclinaisons, les conjugaisons, les systèmes de subordination...

La déclinaison (les principes)

La phrase latine comporte des noms, adjectifs, pronoms, verbes, adverbes, prépositions, conjonctions (pas d’article en revanche), et ressemble donc fortement à la phrase française. Néanmoins, la grammaire du latin comporte une particularité qu’il est nécessaire de comprendre dès le début, il s’agit de la déclinaison des noms, adjectifs et pronoms.

Prenons tout d’abord un exemple en français :

exemple 1 :
Tu lui donnes une pomme.
Il te donne une tomate.

Dans ces deux phrases, tu et te représentent la même personne (2e du singulier), lui et il de même (la 3e du singulier). Pourtant, les formes sont différentes, parce que les fonctions grammaticales sont différentes : tu est sujet, te est COS (ou complément d’attribution). Si j’avais choisi des noms comme exemple, il en serait allé différemment :

exemple 2 :
Christian donne une pomme à François.
François donne une tomate à Christian.

Christian a la même forme, qu’il soit sujet ou complément d’objet second ; même remarque pour François. Ce qui distingue les deux fonctions (sujet et COS), c’est la préposition à, et aussi la place par rapport au verbe, puisque le sujet est en général situé devant. Quel est donc le rapport avec le latin, me direz-vous ? En latin, ce que nous venons d’observer à propos des pronoms tu, te, lui et il existe pour tous les noms, adjectifs et pronoms, comme le montre cet exemple peu original :

exemple 3 :
Lupus devorat agnum.          Le loup dévore l’agneau.
Agnus fugit lupum.            L’agneau fuit le loup.

J’imagine que la correspondance entre les termes latins et la traduction ne pose pas de problème. On remarque que Lupus et lupum, qui signifient le loup, ne se terminent de la même façon, alors qu’ils sont traduits par le même mot (pour agnum et Agnus, l’agneau, on observe la même distinction).

En revanche, lupus et agnus d’un côté, et lupum et agnum d’un autre, ont aussi un point commun, leur terminaison us pour les premiers, um pour les suivants. Ces différences de terminaison sont dues à leur fonction : ainsi dans ces phrases, les Romains savaient que lupus et agnus étaient sujets des verbes, et que lupum et agnum sont COD de ces verbes. Et les phrases suivantes avaient exactement le même sens :

exemple 4 :
Agnum devorat lupus.          Le loup dévore l’agneau.
Lupum fugit agnus.            L’agneau fuit le loup.

Il est clair que la place dans la phrase ne marque pas les fonctions sujet et COD contrairement au français, mais ce sont des formes distinctes qui indiquent cette fonction : on dit que ces noms se déclinent. Une déclinaison est donc l’ensemble des formes prises par un nom (ou adjectif ou pronom) selon sa fonction dans la phrase. Ces formes sont au nombre de 6, que l’on appelle des cas ; voici ces cas (dans l’ordre traditionnel d’apprentissage), ainsi que les fonctions correspondantes :

Cas Fonction
Nominatif Sujet du verbe, attribut du sujet (c’était le cas de lupus).
Vocatif Apostrophe, interpellation (par exemple, en français : Loup, y es-tu ?).
Accusatif COD du verbe (c’était le cas de lupum), attribut du COD, s’utilise parfois avec des prépositions.
Génitif Complément du nom (le livre de François, parfois COI de certains verbes.
Datif COS du verbe (Il la donne à François), parfois COI de certains verbes.
Ablatif Complément circonstanciel de moyen, de manière, s’utilise parfois avec des prépositions.

On distingue les cas directs (nominatif et accusatif, ainsi que le vocatif) des cas indirects (génitif, datif et ablatif).

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Les déclinaisons

Si vous avez compris ce qui précède, vous avez théoriquement fait un grand pas dans l’étude du latin. Bon, tout n’est pas simple en pratique, cela oblige par exemple à une petite gymnastique grammaticale ! Mais avec de la pratique et de l’habitude, cela va tout seul.

Nous allons maintenant compliquer les choses, car, en latin, tous les noms ne se déclinent pas comme lupus : il y a en effet cinq déclinaisons, donc au moins cinq façons de décliner les noms. Vous trouverez tous les détails ci-dessous – à noter que si vous découvrez le latin, il est préférable de vous limiter aux deux premières déclinaisons pour l’instant, les autres pouvant être apprises plus tard ; pour ceux qui maîtrisent les déclinaisons, les trois dernières figurent plus bas sur cette page.

Les deux premières déclinaisons

Les deux premières déclinaisons ont des points communs : elles sont relativement régulières, concernent beaucoup de noms (par exemple, les nouveaux mots de la langue latine), certaines terminaisons (on parle de désinences) sont communes.

La 1re déclinaison comprend surtout des noms féminins terminés par a, et quelques noms masculins également en a – des noms de métiers, par exemple, poeta le poète, agricola le paysan, ou de fleuve comme Sequana la Seine.

La 2e regroupe des masculins en us, quelques féminins en us (des arbres, comme ulmus l’orme, des noms en er, et des mots neutres (le neutre est un troisième genre, à côté du masculin et du féminin, c’est le pronom it de l’anglais, l’article das en allemand), qui ont une déclinaison légèrement différente.

1re déclinaison
  singulier pluriel
Nominatif rosa rosae
Vocatif rosa rosae
Accusatif rosam rosas
Génitif rosae rosarum
Datif rosae rosis
Ablatif rosā rosis
2e déclinaison (masculin)
  singulier pluriel
Nominatif dominus domini
Vocatif domine domini
Accusatif dominum dominos
Génitif domini dominorum
Datif domino dominis
Ablatif domino dominis
2e déclinaison (neutre)
  singulier pluriel
Nominatif templum templa
Vocatif templum templa
Accusatif templum templa
Génitif templi templorum
Datif templo templis
Ablatif templo templis

Nous venons de voir la déclinaison de 3 mots au singulier et au pluriel (malheureusement le latin ne se contente pas de mettre un s pour indiquer le pluriel). Quelques éléments complémentaires :

2e déclinaison (noms en er 1er cas)
  singulier pluriel
Nominatif puer pueri
Vocatif puer pueri
Accusatif puerum pueros
Génitif pueri puerorum
Datif puero pueris
Ablatif puero pueris
2e déclinaison (noms en er 2e cas)
  singulier pluriel
Nominatif ager agri
Vocatif ager agri
Accusatif agrum agros
Génitif agri agrorum
Datif agro agris
Ablatif agro agris
2e déclinaison (vir)
  singulier pluriel
Nominatif vir viri
Vocatif vir viri
Accusatif virum viros
Génitif viri virorum
Datif viro viris
Ablatif viro viris

Voilà, la première leçon de latin est finie ! Pas trop fatigué, j’espère ! Pour revoir (ou découvrir tout de suite) les autres déclinaisons nominales, voir ci-dessous ; pour apprendre le sens d’un certain nombre de noms se déclinant suivant les modèles ci-dessus, c’est par ici ; pour la deuxième leçon consacrée au présent de l’indicatif, la suite se trouve par là.

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La troisième déclinaison

La troisième déclinaison est la plus compliquée des cinq et regroupe des noms dont le nominatif singulier ne se termine pas de façon régulière (par exemple  consul, senex, pater, puppis, animal...), mais qui ont tous un génitif en is (consulis, senis, patris, puppis, animalis...). On appelle radical (ou thème) la partie qui précède la désinence (dans les exemples ci-dessus, consul-, sen-, patr-, pupp-, animal-...) et c’est à ce radical que s’ajoutent les désinences – cette distinction radical/désinence n’est pas spécifique à la troisième déclinaison, mais elle est essentielle ici ; les dictionnaires indiquent toujours ce radical suivi de la marque du génitif (par exemple  consul, (cons)ulis ; senex, senis ; pater, (pa)tris ; puppis, (pupp)is ; animal, (anim)alis : j’ai mis entre parenthèses ce qui n’est pas indiqué (parce qu’évident), ce qui permet de déterminer le reste de la déclinaison du mot. Je n’oublie pas d’indiquer le sens de ces cinq exemples : respectivement le consul, le vieillard (à rapprocher de senior, sénescence), le père (penser à paternel), la poupe, l’animal.

On opère également une distinction entre deux catégories, ceux qui ont le même nombre de syllabes au nominatif et au génitif singulier (les parisyllabiques), et ceux qui n’ont pas le même nombre de syllabes à ces deux cas (les imparisyllabiques) ; mais on va vite se rendre compte que ces catégories sont assez perméables, et qu’il y a, ô joie ! des exceptions...

Quelques grands principes sont à retenir :

  1. Parisyllabiques et imparisyllabiques ont des désinences communes au cas suivants : génitif et datif singulier ; datif et ablatif pluriel.
  2. Parisyllabiques et imparisyllabiques masculins et féminins ont aussi des désinences communes au cas suivants : accusatif singulier ; nominatif, vocatif et accusatif pluriel.
  3. L’ablatif singulier des imparisyllabiques est toujours e, pour les parisyllabiques e ou i.
  4. Le génitif pluriel des imparisyllabiques est um, pour les parisyllabiques ium – sauf exceptions.
  5. Le nominatif/vocatif/accusatif pluriel des imparisyllabiques neutres est a, alors que les désinences sont ia pour les parisyllabiques – sauf exceptions. Rappel : tous les neutres ont des formes communes au nominatif/vocatif/accusatif.

Finalement, les différences sont minimes, mais parfois à peine perceptibles...

Les premiers tableaux concerneront les parisyllabiques (masculins et féminins suivent le même modèle, les neutres sont légèrement différents)

3e déclinaison parisyllabique
  singulier pluriel
Nominatif civis cives
Vocatif civis cives
Accusatif civem cives
Génitif civis civium
Datif civi civibus
Ablatif cive civibus
3e déclinaison parisyllabique (neutre)
  singulier pluriel
Nominatif mare maria
Vocatif mare maria
Accusatif mare maria
Génitif maris marium
Datif mari maribus
Ablatif mari maribus

Quelques remarques et exceptions (la liste n’est pas exhaustive...) :

Voici maintenant la déclinaison des imparisyllabiques :

3e déclinaison imparisyllabique
  singulier pluriel
Nominatif consul consules
Vocatif consul consules
Accusatif consulem consules
Génitif consulis consulum
Datif consuli consulibus
Ablatif consule consulibus
3e déclinaison imparisyllabique (neutre)
  singulier pluriel
Nominatif marmor marmora
Vocatif marmor marmora
Accusatif marmor marmora
Génitif marmoris marmorum
Datif marmori marmoribus
Ablatif marmore marmoribus

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Les deux dernières déclinaisons

Les 4e et 5e déclinaisons sont plus régulières(et plus simples) que la précédente, partageant quelques désinences communes. À l’exception de quelques mots très usités, les noms suivant ce modèle de déclinaison sont moins courants.

La 4e déclinaison est constituée d’une majorité de noms masculins (notamment des noms d’action dérivés de verbes, comme itus le fait d’aller) et de quelques féminins (comme manus, la main ou des noms d’arbres comme quercus le chêne), les uns comme les autres en us, mais aussi de noms neutres en u.

La 5e comprend des noms féminins ainsi qu’un masculin (dies le jour) et se terminent en es au nominatif.

4e déclinaison
  singulier pluriel
Nominatif manus manūs
Vocatif manus manūs
Accusatif manum manūs
Génitif manūs manuum
Datif manui (-u) manibus
Ablatif manu manibus
4e déclinaison (neutre)
  singulier pluriel
Nominatif cornu cornua
Vocatif cornu cornua
Accusatif cornu cornua
Génitif cornūs cornuum
Datif cornui (-u) cornibus
Ablatif cornu cornibus
5e déclinaison
  singulier pluriel
Nominatif res res
Vocatif res res
Accusatif rem res
Génitif rei rerum
Datif rei rebus
Ablatif re rebus

À noter :

4e déclinaison (domus)
  singulier pluriel
Nominatif domus domūs
Vocatif domus domūs
Accusatif domum domos (-ūs)
Génitif domūs domuum (-orum)
Datif domui domibus
Ablatif domo domibus

Nous retiendrons que le génitif des noms (toujours indiqué dans les dictionnaires) permet de savoir quelle déclinaison ceux-ci suivent et donc comment identifier les formes rencontrées. Pour mémoire :

déclinaison 1re 2e 3e 4e 5e
nominatif a us, er ou um variable us ou u es
génitif ae i is us ei

Pour apprendre le sens d’un certain nombre de mots se déclinant suivant les modèles ci-dessus, c’est par ici ; pour la deuxième leçon consacrée au présent de l’indicatif, la suite se trouve par là.

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Liens vers les pages de vocabulaire indiquées sur cette page

Précision : ces listes proposent quelques dizaines de mots courants sur chaque page, permettant ainsi une acquisition progressive du vocabulaire latin. Il ne s’agit en aucun cas de répertoires exhaustifs.

Voici aussi quelques pages « thématiques » (sans lien avec celles qui précèdent) :

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