
Unguentum, fateor, bonum dedisti
convivis here, sed nihil scidisti. (« C’est un parfum agréable que tu as partagé hier avec tes convives, mais tu n’as rien servi », Martial, Épigrammes)
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(43 av. J.-C.-18 apr. J.-C.)
Quelques éléments biographiques
Natif de Sulmone, il pratiqua la rhétorique et devint triumvir. Mais il était davantage attiré par la poésie et l’amour. Son œuvre (entièrement poétique) s’appuie souvent sur la mythologie dont il excelle à raconter de multiples épisodes, tant dans ses textes lyriques que dans des ouvrages plus didactiques. Il fut exilé sur les bords de la mer Noire à la fin de son existence pour d’obscures raisons, mais continua de composer dans un registre toutefois plus élégiaque.
Ses poèmes sont principalement écrits en distiques élégiaques, parfois en hexamètres dactyliques.
Son œuvre
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– Les Amours (Amores en latin) est un ensemble de quarante-neuf poèmes regroupés en trois livres évoquant les amours tumultueuses de l’auteur avec une femme qu’il nomme Corinne. S’inscrivant dans la tradition élégiaque, il relate dans ces poèmes les différentes étapes de cette relation, mais propose aussi quelques pièces sur son art et sur l’amour. Le ton adopté par Ovide est souvent léger, amusé, comme en témoigne le caractère parodique de certains textes.
– Les Héroïdes (Heroides en latin) sont des lettres (fictives) écrites par des héroïnes de la mythologie à leur bien-aimé absent. Certaines sont célèbres, la première est de Pénélope, adressée à Ulysse, une autre de Phèdre à Hippolyte, une troisième d’Ariane à Thésée, une autre encore de Didon à Énée ; un destinataire reçoit même deux lettres, Jason, auquel écrivent deux des femmes qu’il a aimées, Hypsipyle et Médée ; parmi les quatorze premiers destinataires, citons encore Achille, Hercule, Pâris ou Oreste. La quinzième lettre est la seule à être rédigée par un personnage réel, la poétesse Sappho, mais son destinataire, Phaon, est, quant à lui, plus ou moins légendaire. Enfin, les six dernières lettres contituent trois paires, puisqu’elles comportent une lettre de l’être aimé et la réponse à celle-ci de l’héroïne :; il s’agit de trois couples mythiques (au sens propre), Hélène et Pâris, Héro et Léandre, Cydippe et Acontius. Ces lettres sont souvent motivées par un sentiment d’abandon, notamment lorsque l’homme aimé en aime désormais une autre.
– L’Art d’aimer (Ars Amatoria en latin) se présente comme un manuel d’apprentissage de l’amour. D’un ton souvent badin, le poète propose un recueil de trois livres : l’un conseille les hommes sur la manière de trouver et séduire les femmes, le suivant indique comment conserver la femme que l’on a conquise, le dernier prodigue les mêmes conseils aux femmes qui veulent séduire les hommes et conserver leur amour. Ces textes sont aussi intéressants pour les informations qu’ils donnent sur le mode de vie des Romains du début de l’Empire : les lieux où séduire, par exemple, le Cirque, le théâtre ; les critères physiques, la pâleur qui attire le regard et suscite la compassion, par exemple ou comment se coiffer ; le fonctionnement d’une maison, le rôle des domestiques que l’on peut soudoyer. Ovide donne évidemment aussi des conseils pratiques comment rédiger une lettre, tourner des compliments, susciter des émotions, etc. Enfin, comme toujours chez Ovide, quelques détails ou allusions mythologiques se glissent au fil des textes (Romulus, Jupiter, Junon, Vénus bien sûr), parfois des récits (le triangle amoureux Vulcain Vénus Mars, l’histoire de Céphale et Procris).
– Les Remèdes à l’amour (Remedia Amoris en latin)
– Les Métamorphoses (Metamorphoseon libri XV en latin) sont une épopée en quinze chants rédigés en hexamètres dactyliques où le poète raconte de nombreux mythes à partir d’un principe simple : les éléments et les êtres de ce monde peuvent subir des transformations diverses, se « métamorphoser » à commencer par le monde qui du Chaos est devenu un espace habitable pour les hommes. Ovide évoque ainsi l’origine du monde, l’Âge d’or (et sa dégradation), le déluge par exemple dans le premier chant. Ovide rappelle ensuite les transformations de mortels en animaux ou en constellations, souvent par la volonté d’une divinité vengeresse, les aventures des plus grands héros (Hercule, Thésée, Persée, Achille), des histoires d’amour (dont celle de Mars et Vénus), etc. La fin de l’œuvre est plus orientée vers les légendes et l’histoire romaines avec Énée, Romulus et l’apothéose de César (suivie d’un éloge d’Auguste et de l’ouvrage) qui parachève l’œuvre.
– Les Fastes (Fasti en latin) sont un ensemble de six livres composés à partir du calendrier romain (l’ouvrage devait en comporter douze, mais il est resté inachevé) où le poète répertorie les différentes fêtes religieuses romaines dans l’ordre chronologique. C’est donc d’abord une source importante de connaissances sur les rituels religieux qui y sont décrits en détail, mais surtout une occasion pour Ovide de raconter une histoire, un mythe, un événement en lien avec la fête qu’il évoque : une partie du livre I est par exemple consacrée à Janus, le dieu des portes et des ouvertures qui a donné son nom au premier mois de l’année, Januarius en latin ; parmi les fêtes du mois de février, il fait l’éloge d’Auguste qu’il compare à Romulus et à l’occasion des fêtes des Lupercales dont le nom provient de la grotte où ce dernier avait, selon la légende, été recueilli par une louve en compagnie de son frère Rémus. Le troisième évoque à nouveau le fondateur de Rome, fils du dieu de guerre, Mars (qui donne son nom à ce troisième mois, Martius), puis les premiers temps de Rome et l’importance du deuxième roi de Rome, Numa Pompilius, dans le domaine religieux. Le quatrième mois met à l’honneur trois déesses rattachées à l’éveil de la nature et à la renaissance de celle-ci au printemps, Vénus, déesse de l’, Cybèle et Cérès, déesse des moissons. Au mois de mai, Ovide décrit les fêtes de Flora, autre divinité de la nature, puis celles des Lémures, esprits des morts qui tourmentaient les vivants. Enfin le dernier livre s’intéresse entre autres à Vesta, déessse du foyer. Les fêtes ou événements indiqués ci-dessus ne sont que quelques exemples de ce que le poète rapporte, et il mentionne sans toujours détailler les sacrifices, les mouvements des étoiles (ou constellations), les constructions des temples, les rites de purification (notamment de l’armée), etc. sans oublier, en début de mois l’origine de son nom. Rappelons enfin qu’Ovide est poète et qu’il a recours à de multiples figures littéraires pour orner un propos qui aurait pu être didactique et répétitif (dialogues fictifs avec une divinité, apostrophes, périphrases, allégories, prosopopées).
– Les Tristes (Tristia en latin) est un recueil au titre explicite reflétant l’état d’esprit du poète qui vient d’être exilé sur les bords de la Mer Noire. Ce sont 50 élégies réparties de façon inégale en 5 livres ; certaines sont longues (l’unique pièce du livre II comporte 578 vers), d’autres plus courtes (20 ou 30 vers), la plupart quelques dizaines de vers. Cette variété se manifeste aussi dans la diversité des destinataires de ces poèmes, sa femme, ses amis, Auguste, son livre même. Quant au contenu, il est orienté par les circonstances de la vie personnelle du poète. Il commence par évoquer son départ de Rome, son voyage, décrit son installation à Tomes, son lieu d’exil, et exprime les divers sentiments qu’il ressent, la tristesse, bien sûr, mais aussi l’amour pour sa femme, sa passion pour son art, ses regrets parfois. Il argumente aussi en sa faveur, défend ses textes et implore l’empereur de le laisser revenir chez lui auprès des siens.
– Les Pontiques (E Ponto Epistulae en latin) est un autre recueil au titre explicite, puisqu’il rappelle le lieu d’exil d’Ovide, le Pont, c’est-à-dire le Pont-Euxin, autre nom de la Mer Noire. Ces élégies, constituées en 4 livres, sont au nombre de 46, et reprennent des préoccupations et thématiques aux textes précédents (les Tristes). Les destinataires y sont également sa femme, des amis, l’Empereur, mais aussi des figures plus influentes du monde romain qui pourraient l’aider à revenir de cet exil lointain ; ces destinataires sont d’ailleurs mentionnés au début de chaque texte, contrairement aux Tristes où il n’apparaissait que de façon plus ou moins implicite dans le copts de l’élégie. Le ton adopté ici est plus pessimiste et désespéré (malgré ses demandes de pardon et de retour), et en même temps plus conciliant avec les habitants de Tomes. C’est la dernière œuvre de ce poète prolifique, la dernier livre des Pontiques a peut-être été diffusé à titre posthume.
Quelques auteurs latins :